Voilà la fin d’une aventure totalement exceptionnelle. Jamais dans ma vie j’aurais cru que j’en ferai et encore moins avec tant de plaisir aussi bien dans la préparation que le jour J. Le weekend commence pourtant mal. Notre vol (déjà un vol plus tard qu’idéal) prend du retard. Ça nous donne le temps de diner à l’aéroport (Orly) mais il n’y a rien de « bien » à manger pour un marathonien. Il faut se contenter des sandwiches et pour qqn qui supporte mal le pain, ce n’est pas top. Mais il faut bien manger et la course n’est que dans 36 heures. On arrive à Alicante avec une demi-heure de retard et on met un temps fou pour récupérer notre voiture de loc. Arrivé à notre appartement à Denia vers 02h00, mes deux copains se jettent au lit, mais j’ai besoin de passer un peu de temps à la toilette (effet sandwich ?!). La nuit sera courte même si le réveil ne sonne qu’à 9h00 (pour moi), en espérant être fatigué samedi soir avant la course et éventuellement pouvoir dormir. On s’offre un shake-out run au bord de la mer avec p’tit déj en terrasse après 4kms relax. Si mon cardio me donnait des tendances absolument fantastiques jeudi soir, ce n’était pas le cas ce matin. Avec le déplacement, passage au lit peu avant 3h00 et à peine 6 heures de sommeil, cela ne m’inquiétait pas du tout. Extrêmement confiant après avoir bien bossé pendant 15-16 semaines. Céréale, café, jus d’orange, yaourt et un tortilla pour le petit déjeuner. Au top ! On rentre en marchant. Douche, puis direction Valencia pour chercher nos dossards. On fait d’abord un stop à la plage et trouve un resto bien sympa pour déjeuner en mode « espagnol » à 15h00… Paëlla canard/agneau au menu et quel régal!  On arrive vers 17:00 à la cité des arts et sciences où on espère finir nos courses respectives vers 12h00 le lendemain.  L’organisation me semble correct mais pas au niveau « grands marathons » selon mes amis qui ont fait Londres il y a 7-8 mois. Avec nos dossards et sacs (t-shirt officiel et des cadeaux publicitaires), et des pâtes, on prend la voiture et retourne à Denia. Les téléphones sonnent en permanence avec des messages d’encouragements ce qui est très sympa. On dine, on prépare nos affaires pour le lendemain et puis, vers 21h00 le premier entre nous se couche. Je continue encore qqs temps pour bien m’assurer que tout est en ordre et une fois rassurée, je me couche également (vers 22h00). Serein, relax, et fatigué, mais comme c’est souvent le cas je constate que c’est difficile de s’endormir la veille d’un grand évènement. C’est du repos au moins et finalement je m’endors (je regarde ma montre la dernière fois vers 00:05). Avec un départ à 6h30 de Denia, je me lève à 5h30 comme je l’ai fait si souvent pendant les préparations. Je mange un petit bol de muesli/lait. Avec 3 heures avant la course, j’aurais largement le temps de digérer. Je ne touche finalement pas au gatosport qu’on a préparé la veille. Passage à la toilette et tout et bien. On part pile à l’heure pour une arrivée sur place vers 7:30. Il ne fait que 8-9 degrés et en t-shirt/shorts, ça caille pas mal. J’ai pris un grand sac plastique qui m’aide à me garder à peu près chaud. Ici, on a du mal à trouver le chemin pour les SAS. Encore une fois l’organisation se montre correcte mais sans plus. On aurait pu mettre plus de panneau pour nous informer car il y avait également d’autres courses en même temps (10kms et semi). On a la chance d’avoir un café ouverte pile devant l’entrée de notre SAS. On s’installe à l’intérieur et on attend. Un quart d’heure avant le départ, un dernier pipi et puis on s’installe dans le SAS. Dernière vérification des écouteurs, playlists, lacets etc. et bien sur qqs high fives. L’élite part et on commence à marcher doucement vers la ligne de départ ! LA COURSE   Le plan était de partir lentement pour faire monter mon FC doucement vers 150. Idéalement pas avant 10kms. Puis, vers 15kms passer entre 150-155 si nécessaire pour maintenir mon allure target. Après 25e, je m’étais dit que si les voyants sont au vert (sensations) je pouvais taper au-dessus de 155 et progressivement monter vers 160 pour le dépasser au plus tôt avec 5kms à faire. Le départ ne permettait pas de faire autre chose que de courir avec la foule. Beau spectacle avec les deux ponts parallèles, un pour le 10K et un pour le 42K. (Mal)heureusement trop étroite pour doubler et je fais ainsi un premier kms à 5’04. Ça ne me stresse pas du tout car la course est évidemment très longue et je me dis que c’est plutôt une bonne chose. Je suis avec mon camarade pendant 3-4 kms mais même si mon FC est nickel, je trouve qu’il pousse trop en termes d’allure (4’49 en moyenne sur 2-4km) et je décide alors de faire mon race à moi (on en avait déjà parlé en amont. Pas la peine d’essayer de se suivre avec le changement de rythme et les envies de chacun). Je commence ainsi ma course ou je regarde quasiment que mon FC. Sur l’écran, je vois aussi mon lap-pace mais je ne m’en sers pas. Les 5 prochains kms sont encore « relax » (4’57 en moyenne) et je n’attends à ce que mon FC monte à 150 pour ensuite y rester jusqu’au 15e. Après 9kms, j’y arrive (plus au moins selon mon planning – cf. ci-dessus). Maintenant, je garde mon FC à 150 et je laisse mon FC décider l’allure. Les 7 prochaines kms me donne 4’55 en moyenne et au passage du 15km, où j’avais initialement planifié de pousser un peu, je vois bien que ce n’est pas la peine et je décide de continuer et conserver ainsi mon énergie ce dont je sais que je vais avoir besoin pour finir. Arrivant au 20e je me sens frais de chez frais. Comme quoi suivre un plan et suivre son FC peut avoir des sacrés avantages. Je m’autorise ainsi de pousser un peu sur la pédale et jusqu’au 25e, je monte tout doucement vers 155. Mon allure moyenne sera 4’51 entre 17 et 25 et je passe la semi avec une minute de marge sur mon target et je n’ai que commencé ici. Avec tout le respect que j’ai pour la distance, je suis totalement confiant sur mon plan et mes jambes n’ont rarement était aussi bien après 2 heures de course. C’est incroyable ! Je reste sur mes 155 et à cause d’une rare partie de la course avec qqs mètres de dénivelés positifs (4kms de suite, avec un peu plus de 20m) ce qui fait logiquement ralentir (en gros 5’ en moyen) et je ne souffre en rien de la petite montée, mais je commence à sentir un gène au niveau du bide au 28 e et pour moi c’est potentiellement catastrophique. Je me pose plein de questions. Sacrifier 2-3 minutes pour un passage à la toilette ? Continuer en espérant que cela passe ?  Je décide d’opter pour la toilette et avec de plus en plus d’impatience j’attends qu’il y en a au long de la route. Le ventre part en vrac et après avoir fait 5 ( !) kms avec des douleurs/crampes de plus en plus prononcés (à 5’04 en moyenne quand même) c’est plutôt la panique qui s’installe. Il me reste 10kms à faire et il me faut cette p*tain de toilette (excuse le langage mais croyez-moi, dans ma tête je disais des choses bien pire…). Je ne sais pas si c’est l’effet stress, douleur et/ou panique mais mon FC monte jusqu’à 160 au 33e. Je ne regarde plus ma montre depuis un moment et je ne cours qu'aux sensations (sensations bide à je ralentis tant qu’il faut pour ne pas devoir m’assoir faire mon toilette dans la rue au centre-ville de Valencia… ). C’est absolument horrible. Je passe à la vitesse inférieure pour éviter la cata et je continue avec une moyenne de 5’20 (entre 33 et 40). Résigné, j’ai compris il y a un moment que je n’aurais ni mon target, ni de toilette. La frustration est formidable. Car la toilette n’y est pas, mais mes jambes oui ! Je ne l’ai su qu’à postériori en « faisant les comptes » que j’étais encore dans les clous pour 3h30 à la fin du 34e km, malgré les complications.   Je n’ai nul doute que j’aurais pu continuer à 4’51 comme je le faisais entre 18-27 (même si le marathon aurait pu me proposer d’autres difficultés que l’estomac plus tard et je ne sais pas comment j’aurais réagi si je n’avais pas été complètement déconnecté de la course pour ne penser à  mon ventre). Je continue ainsi et j’espère ne pas avoir des « accidents » mais au 41 j’ai une attaque violente et je dois marcher pendant 30-40 m. Au début du 42e pareil.  Je vois plein des gens qui ont craqué physiquement (vous me direz que moi aussi c’est un craquage « physique » et ce n’est pas complètement faux) mais moi je suis tjrs ok dans les jambes. Heureusement, je n’aurais plus des crampes et je me rends compte que je peux encore « battre » le chrono du premier marathon de mon coach. Ça ne serait que triste consolation mais quand même. Avec en gros 900m à faire, j’ai un peu moins que 5 minutes pour finir. Ça descend ces derniers kms et avec 200m à faire je réalise qu’il faut me dépêcher si je veux également faire un sub 3h35. Finir à XX :58 est tellement mieux que XX :02. Ma montre affiche 3:35:01. « Crap » ! Je l’ai raté !!! Ce n’est qu’au moment de la gravure de ma médaille où j’ai l’info que je termine sur un chrono officiel de 3:34:59. Je fais un message à mes copains que je vais les joindre dans « un moment ». Je trouve enfin une toilette. J’en avais besoin de cette pause était bien mérité. Encore maintenant, ça me pose de soucis. Après tout, malgré la frustration et la déception, j’ai fini mon marathon avec un chrono que j’estime tout à fait honorable. Ne pas atteindre son objectif n’est jamais fun. Par contre, ce qui a été fun, c’est toute la préparation (entrainements, repos, discipline, diète, traçage des parcours, planning de la stratégie pour le jour-J, les sorties avec les potes…) ainsi que l’exécution hier. Un vrai régal et cela m’étonnerait si j’en fais pas d’autres, surtout vu que je n’ai pas atteint les 3h30… J Pour répondre sur la question de 3h39 vs 3h35, le 3h39 est le chrono de départ d’élite qui ne prend pas en compte mon passage sous le point de départ. Ainsi, mon vrai chrono pour les 42,195m est 3h34m59s. Voici d’ailleurs mon passage au finish : https://www.corriendovoy.com/trinidad-alfonso/233024/maraton-valencia-trinidad-alfonso-edp-2018 Je passe exactement sous le chronomètre officiel (Garmin) à 3:39:33, habillé en bleu-gris avec un casque gris et manchons noires. Mes leçons de ce marathon : -          Bien faire gaffe à ce qu’on mange. Je pensais l’avoir fait, mais vu ce qui m’est arrivée je me pose des questions surtout sur mon sandwich de vendredi soir, le choix de mon petit déj à 5h30 du matin (céréale/muesli que je mange 1-2 heures avant les matches de tennis matinaux) due la course et éventuellement le nombre de gels consommés. J’en avais mangé à 4km, 9km, 14km et 21km. J’avais perdu un tube lors du départ et je me sentais bien au semi et je me suis dit d’attendre le 30e avant de prendre mon prochain. Après le 28e, c’était hors de question que je mange quoique ce soit… -          Camelback pour mon prochain marathon ? Pour les 4-5 premiers ravitaillements, cela ne m’a pas gêné de ralentir un peu pour boire, mais le redémarrage n’est pas facile et bien évidemment de plus en plus compliqué. Tjrs mieux de garder une allure stable. La réponse s’appelle Camelback je crois -          Prendre un logement plus près du départ. Ici, on avait une heure de route. Ça ne me gêne pas de me réveiller tôt. Je le ferai de toute manière pour être 100% réveillé lors du départ. 1-2 heure est un peu juste pour moi. Mais habiter plus près permet d’éviter de passer une heure en voiture ce qui n’est pas bénéfique pour une belle perf. -          Ne pas prendre un « vol de nuit » même si c’est 36 heures avant la course. On savait que ce n’était pas idéal, mais si je peux l’éviter, je ne le ferai pas la prochaine fois. -          Prendre un pull pour le matin de la course. Un vieux truc à jeter/laisser sur place.
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